E comme énergie… »Paris bloqué. » (titre clin d’œil en amour à V. Hugo)

Paris, Rue de Lancry, juin 2018.

Imaginez une petite rue tranquille qui mène au canal Saint Martin. Il n’y a pas d’immenses bistrots et les cafés posent leurs petites tables sur le trottoir.
Assise en train d’écrire mon premier texte présentant ma pratique de la sophrologie au téléphone, j’étais bien. Dos à mon cher canal Saint Martin et sans doute pas si concentrée que ça, je me suis laissée happer par un changement dans le ronronnement des moteurs de la rue.
Un bon gros camion tentait de pénétrer en perpendiculaire à 30m de moi . Inutile de sortir de Polytechnique pour rapidement saisir que la chose allait s’avérer compliquée. Sitôt apparu, sitôt bloqué.
Totalement bloqué.
Il tentait d’avancer. De reculer. D’avancer à nouveau. Rien à faire.
Tel un émeu qui avait tant de mal à battre en retraite, le gros animal de métal restait figé.
Et personne ne bougeait autour. (petit détail, à ce moment-là,  je sors de balnéo et mes tibia-péroné fracturés me collent au sol. Impossible d’aller aider)
Une, deux, trois voitures commençaient à s’accumuler Rue de Lancry, embouteillée par la tête de la chose. Personne ne bougeait! C’est ça qui m’a choquée. Sur le trottoir certains humains s’arrêtaient. Observaient. Mais ils laissaient le chauffeur sortir sa tête, descendre de son engin, faire le tour, remonter. Quant à moi, j’étais vissée à mon bout de trottoir.
Mon café refroidissait sous l’immobilisme glaçant de la situation.

Et soudain un début d’esquisse de frisson m’a envahie.
Un homme avait surgi derrière le camion.
De ma place, je devinais sa jovialité. L’homme était de dos, mais je le sentais sourire à la tension qui s’effaçait du visage du chauffeur.
Et là, en 3 secondes les mains de l’homme se sont levées, ont tourné à droite, tourné à gauche, entraînant dans leur sillage aérien le mouvement des roues qui braquent, contre braquent.
Soudain le poids-lourd avance, recule, se décoince grâce au dresseur de roues qui lui fait face. On peut presque l’entendre de loin son “Yallah” silencieux qui désembourbe les caravanes dans le désert, son “Vamonos” qui fait sortir les bus des ornières en plein milieu de la nuit de la jungle guatémaltèque.
Ce cri silencieux, c’est l’énergie qui relie ceux qui savent que nous sommes tous ces mêmes chairs, ce même sang, ce même allant.
Qui savent aussi la fluidité de ce cadeau simple : ce que l’on donne on le reçoit, ce que l’on reçoit, on peut le donner.
Je peinais un peu à expliquer ce que je fais depuis 6 mois avec mes clients dans le cadre de ma Sophrologie par téléphone et cet homme, dans son costume de travailleur des rues de Paris m’a sortie moi aussi de mon ornière.  J’ai vu sa joie lorsqu’il est ensuite passé devant moi dans sa camionnette, tout sourire d’avoir résolu le problème de plusieurs dizaines de personnes en 20 secondes. Cela lui donnait visiblement la pêche.
Et cette énergie joyeuse, ce n’est pas de la magie…
Mais bien sûr qu’il arrive dans nos vies que nos obstacles nous apparaissent immenses, impossibles à surmonter ou épuisants avec un gros sentiment de solitude.
C’est dans ces moments que j’aime intervenir, montrer un autre chemin en apprenant de simples techniques et en offrant un autre regard.
Où que vous soyez, cher Monsieur de la rue de Lancry, soyez remercié..

Stone Town, Zanzibar, une autre façon de se libérer des contraintes pour un beau camion! 😀

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